Musée virtuel du Canada
Jardin botanique de Montréal 
Centre d’étude de la forêt

Les uniques du Jardin botanique (3e partie)

Photo d'un métaséquoia (Metasequoia glyptostroboides)

© Jardin botanique de Montréal (Lise Servant)

Parmi les collections du Jardin botanique de Montréal, certains arbres ont été acquis très tôt dans l’histoire de l’institution. D’autres se sont établis par eux-mêmes sur le site, par hasard, sans se douter qu’ils feraient un jour partie des quelque 225 000 plantes enregistrées dans les collections du Jardin. Chaque arbre, indigène ou introduit d’ailleurs, a sa petite histoire. En voici quelques-unes. (3e partie)

Au milieu du Jardin alpin, on peut voir un métaséquoia (Metasequoia glyptostroboides) sur la gauche, tout de suite après avoir emprunté le petit pont qui longe la cascade. Pas très spectaculaire. Mais il s’agit ici d’un spécimen de l’unique espèce vivante du genre Metasequoia, considérée comme fossile vivant. En effet, c’est en 1941 que l’on découvrit des métaséquoias vivants dans la province du Sichuan en Chine. En 1948, l’Université Harvard organisa une expédition pour recueillir des graines. Des plants, issus de semis, furent ensuite distribués à différents arboretums et jardins botaniques sans oublier, bien sûr, le Jardin botanique de Montréal. Le spécimen reçu a été bouturé et quelques plants ont été plantés dans divers secteurs du Jardin. Celui qui était situé devant le Pavillon administratif est mort il y a quelques années, mais d’autres survivent toujours, notamment celui, assez joli, du Jardin alpin qui fait aujourd’hui environ 8 mètres de haut. Il bénéficie sans doute de la protection que lui offre ce jardin qui comporte de petits monticules qu’on appelle ici les Alpes, là les Rocheuses... Bien sûr, sa croissance est lente et l’arbre demeure très sensible au gel. Mais sa présence mérite le détour et tout notre respect puisque que le métaséquoia est inscrit sur la liste rouge des espèces sauvages en voie de disparition de l'IUCN (l’Union internationale pour la conservation de la nature).


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Pin Wollemi, Wollemia nobilis

Il ne faudrait cependant pas croire qu’il est l’arbre le plus rare du Jardin. Le 22 mai 2007, Journée internationale de la diversité biologique, nous sommes fiers d'avoir enrichi nos collections du pin Wollemi (Wollemia nobilis), l'arbre le plus rare au monde. La découverte en 1994 d’une nouvelle espèce végétale est assurément un événement important, mais lorsqu'il s'agit d'un arbre si unique qu'il a fallu lui désigner un genre nouveau, l'exploit est rarissime! Il n'appartient pas au genre Pinus, ni à la famille de celui-ci (Pinacées ou Pinaceae), mais plutôt à la famille des Araucariaceae(Araucariacées), qui ne comptait plus que deux genres vivants, Agathis et Araucaria. Comptant aujourd'hui moins d'une centaine d'individus en milieu naturel, le pin Wollemi peut être considéré comme l'arbre le plus rare au monde. Il fait maintenant l'objet d'un ambitieux programme de conservation. La vente de jeunes arbres aux parcs et jardins botaniques du monde – dont celui de Montréal – contribuent à sa sauvegarde et à celle d'autres espèces rares et menacées de disparition. Fragile, le spécimen du Jardin se refait actuellement une beauté et devrait être présenté de nouveau au public au cours de 2011.


Texte de Michel Labrecque, conservateur au Jardin botanique de Montréal.

Adapté du Quatre-Temps par Mathieu Lanteigne-Cauvier